A qui sont les pieds ?
Un jour, quatre garçons traversaient un ruisseau qui coulait à l’extérieur d’Aksehir, quand ils entendirent le bruit des sabots d’un âne.
— Cela ressemble à l’âne de Nasreddin Hodja! dit Mouloud, le fils du boucher.
Bientôt, sur le chemin qui longeait le ruisseau, les garçons observèrent un petit âne gris, portant sur son dos Nasreddin, à demi somnolent.
— Il est tellement endormi, que je parierai que nous pouvons lui jouer un tour, dit Djamal, le fils de l’épicier.
— Quel tour ? demanda Mahmoud, le fils du bourrelier.
— Nous devons trouver vite ! dit Karim, le fils du tisserand.
L’âne et son propriétaire approchaient.
— Devons-nous l’appeler ? chuchota Mahmoud.
— Non ! répondit Karim. Si nous le laissons parler le premier, il ne soupçonnera rien.
L’âne et Nasreddin s’arrêtèrent près des garçons.
— Bonjour, les jeunes ! dit Nasreddin. Qu’avez-vous donc pour vous tenir ainsi, comme des arbres plantés dans le ruisseau ?
Les garçons poussèrent du coude Mouloud pour qu’il parle.
— Oh Nasreddin Hodja, Effendi ! dit ce dernier, d’un ton affecté qu’il voulait affligé. Nous sommes dans une situation épouvantable !
— Vous avez des ennuis ? Comment puis-je vous aider ? dit Nasreddin, qui était descendu de son âne, s’était déchaussé et barbotait dans le ruisseau.
— Si vous, vous ne pouvez pas nous aider, personne ne le pourra le et nous devrons rester debout ici dans le ruisseau le reste de nos jours, lui répondit Mouloud.
— Oh sage Nasreddin Hodja! Que devons nous faire ? répéta Karim.
Nasreddin regardait attentivement dans l’eau pour trouver quelle chose épouvantable leur était arrivée. Tout ce qu’il pouvait voir, c’était un ensemble de huit pieds vigoureux et trapus. Les garçons poussèrent du coude Djamal pour qu’il continue l’histoire.
— Vous ne voyez donc pas ce qui est arrivé, Nasreddin Hodja Effendi ? gémit ce dernier. Nos pieds sont complètement emmêlés. Je pense que ce pied-ci et que ce pied-là sont les miens, mais Mouloud dit que l’un des deux est le sien.
— Je dis que ce pied et celui là sont à moi, revendiqua Mahmoud. Mais Karim revendique le premier.
Et ainsi de suite, chacun revendiquant les pieds de l’autre. Nasreddin observa et claqua sa langue comme pour montrer qu’il était désolé pour les garçons. Il s’approcha de la rive et prit un grand et solide bâton qui traînait par-là.
— Je peux vous aider à trouver quels pieds appartiennent à qui, dit-il. Il éleva le bâton et l’abattit avec force près l’endroit où se trouvait l’enchevêtrement des pieds. Mais personne ne fut atteint, car plus aucun pied n’était là. Ils étaient tous sur la rive, chaque garçon ayant retrouvé sa propre paire !
— Je suis bien content d’avoir pu vous aider, mes jeunes amis !
Riant sous cape, Nasreddin remit ses chaussures et remonta sur son âne.
— Appelez-moi la prochaine fois que vous perdrez vos pieds ou alors trouvez-vous d’autres sortes d’ennuis.
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